Principes de l’éclairage d’urgence : sûreté et sécurité sur le chemin d’évacuation

La plupart d’entre nous tiennent la lumière pour acquise. Elle est devenue tellement omniprésente et peu dispendieuse à utiliser que nous ne nous arrêtons pas réellement pour réfléchir aux urgences.  Heureusement, depuis 1974, la loi oblige la plupart des bâtiments à se doter d’un éclairage d’urgence qui s’active automatiquement durant les pannes de courant afin de faciliter la sortie.

L’éclairage d’urgence n’est qu’un des éléments parmi les systèmes de sécurité des personnes d’un bâtiment, mais c’est peut-être le plus important. Il procure un niveau minimal de visibilité destiné à permettre aux occupants de gagner facilement et sûrement les issues vers l’extérieur. De plus, en cas d’urgence il aide le personnel et les intervenants à repérer l’équipement de sécurité, à exécuter leurs fonctions de sécurité ou à interrompre les opérations ou les équipements dangereux.

Les exigences en matière d’éclairage d’urgence  varient d’une installation à l’autre, mais nous tenterons de jeter un peu de lumière sur le sujet afin que vous puissiez mieux comprendre la catégorie de l’éclairage d’urgence.

À propos de l’éclairage d’urgence

Sous sa forme la plus simple, l’éclairage d’urgence consiste de blocs autonomes d’éclairage de sécurité (BAES) parfois nommés blocs de secours, alimentés par batterie, qui s’allument  automatiquement advenant une panne de courant ou une défaillance du circuit d’éclairage dans le  bâtiment.

L’éclairage d’urgence est régi par des codes et des critères fédéraux, provinciaux ou d’associations reconnues. Cette réglementation traduit la volonté collective des organes de gouvernance, celle-ci étant d’assurer la sûreté et la sécurité sur le chemin d’évacuation des bâtiments résidentiels, commerciaux et industriels.

Le chemin d’évacuation réfère à une voie continue, libre d’obstacles, permettant de sortir en sécurité d’un bâtiment, d’une structure ou d’un espace. Les bâtiments ou les parties d’un bâtiment doivent, pour se conformer à divers codes de sécurité, procurer un minimum d’éclairage sur les chemins d’évacuation. Ceux-ci doivent être maintenus en bon état et bien éclairés en cas d’urgence. L’éclairage utilisé sur le chemin d’évacuation vers les sorties de secours doit par ailleurs se conformer à certains codes.

À l’exception des enseignes de sortie, l’éclairage de sécurité doit procurer un niveau d’éclairement moyen de 10 lux (1 décalux) ou 1 pied-bougie et au moins 1 lux ou 0,1 pied-bougie au niveau du plancher et des marches dans les endroits comme les issues, les principales voies d’accès à l’issue d’une aire de plancher, les corridors utilisés par le public, les passages piétons souterrains et autres.

Comment fonctionne l’éclairage d’urgence ?

En cas de panne de courant, l’alimentation en C.A. est coupée, alors une source constituée d’une batterie d’accumulateurs  s’allume et transfère l’alimentation au système d’éclairage (il s’agit du courant en continu ou C.C.). Sur rétablissement de l’alimentation en C.A., les batteries de l’éclairage de sécurité doivent être chargées dans les 24 heures.

Le Code national de prévention des incendies du Canada (CNPI) exige que l’éclairage de sécurité soit vérifié par un test de fonctionnement d’une minute chaque mois et un test de décharge complète de 30 minutes une fois l’an (ce test étant répété au bout de 24 heures).

La raison en est simple, un fonctionnement cyclique continu est requis pour toutes les batteries ; sinon, elle ne fonctionnera probablement pas le moment venu. Il a été démontré que les batteries qui ne sont pas soumises à des cycles ont une durée de vie qui ne dépasse pas 3 ans, alors que les batteries soumises régulièrement à des cycles ont une durée de vie minimale de 7 ans. La plupart des unités à batterie peuvent comporter une fonction autotest afin de faciliter la conformité à cette exigence du code. Le test de décharge de 30 minutes est destiné à simuler une situation d’urgence conformément aux exigences du CNPI. Le deuxième test de décharge de 30 minutes réalisé après 24 heures vise à assurer que le produit sera effectivement prêt en cas d’une panne de courant, la CSA exige que tous les blocs d’alimentation de secours soient entièrement chargés dans les 24 heures.

À propos des enseignes de sortie (ou signalisation des issues)

Une enseigne de sortie est une signalisation utilisée dans un bâtiment public. Elle indique où se trouve l’issue de secours la plus près en cas d’un incendie ou d’une autre urgence. L’enseigne doit être alimentée, comporter une flèche vers la sortie, et elle peut être installée de diverses façons selon les préférences ou l’emplacement (montage au plafond, encastré, par l’extrémité, en applique ou en suspension).

Il existe différents types d’enseignes de sortie, pour différents environnements et différentes applications.

Les enseignes électriques incluent :

Les enseignes non électriques incluent :

Le Code en vigueur exige que les nouvelles constructions installent les nouvelles enseignes de l’ homme qui court en vert et blanc, avec pictogramme et symbole graphique indiquant la direction vers l’issue, conformes aux normes reconnues. Les constructions plus anciennes doivent graduellement se mettre à jour et remplacer les enseignes de sortie désuètes à libellé rouge sur fond blanc par celles à pictogramme, conformément au Code national du bâtiment – 2015.

Toute enseigne de sortie doit être visible depuis une distance de 100 pieds approchant l’issue. Elle peut être éclairée de l’intérieur ou de l’extérieur, en conformité à leurs codes respectifs. Les enseignes éclairées de l’intérieur sont alimentées par un circuit électrique. Les enseignes éclairées de l’extérieur ne sont pas alimentées par un circuit électrique, mais par des luminaires réguliers et doivent maintenir 5 fc par légende, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Le disjoncteur utilisé pour les enseignes de sortie ne doit pas servir à éclairer quoi que ce soit d’autre, sauf les enseignes pour lesquelles il a été câblé. De plus, il doit être connecté à une alimentation de secours en permanence et demeurer ALLUMÉ (ON) même lorsqu’il n’y a pas de panne de courant en C.A. En résumé, la signalisation des issues doit être sur son propre circuit réservé.

C.A./C.C. (en anglais AC/DC)

Et non, nous ne référons pas ici au groupe AC/DC des années 80 ! Il s’agit plutôt du type de courant qui alimente l’appareil d’éclairage de sécurité.

Ces abréviations signifient :

C.A. = courant alternatif (secteur)

C.C. = courant continu (batteries)

Et en anglais :

AC = alternating current (hydro)

DC = direct current (batteries)

Le courant alternatif (C.A.) désigne un courant électrique qui circule alternativement dans une direction puis dans l’autre, contrairement au courant continu (C.C.), dont les électrons circulent continuellement dans une seule direction. Le courant alternatif est la forme sous laquelle la puissance électrique est fournie aux entreprises et aux résidences et c’est la forme d’énergie électrique que le grand public utilise en général pour brancher les électroménagers, téléviseurs, ventilateurs et lampes électriques à un interrupteur mural.

Le courant continu (C.C.) est autoalimenté en permanence, comme au moyen d’une batterie, pour que le courant (la tension) soit toujours constant, sans chutes ou pointes de tension.

Appareils normalement allumés (ON) ou normalement éteints (OFF)

  • « Normalement allumé » signifie que l’appareil est allumé en tout temps, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il est actif lorsque l’alimentation en C.A. est présente ou lorsque l’alimentation en C.C. prend la relève. Les enseignes de sortie sont toujours « normalement allumées ».
  • « Normalement éteint » signifie que l’appareil est éteint lorsque l’alimentation en C.A. fonctionne, mais qu’il s’allume lorsque l’alimentation en C.C. s’active. Les unités ou phares satellites sont généralement du type « normalement éteint ».

Les types d’éclairage de sécurité (ou de secours)

 

Le type traditionnel

Les unités autonomes (à batterie) qui utilisent des batteries scellées au plomb de diverses configurations pour fournir un rendement de 6 V c.c., 12 V c.c. ou 24 V c.c. à des unités satellites lorsque l’alimentation en C.A. est coupée au panneau auquel elles sont connectées.

Les blocs autonomes (à batterie) fonctionneront pendant la durée minimale exigée par le code, soit 30 minutes, ou jusqu’à un maximum de 120 minutes.

 

Les onduleurs

Il existe deux types d’onduleurs :

  • L’alimentation autonome type IPS (pour Interruptible power supply), en résumé, un système de veille ou de secours à transfert non instantané.
  • Onduleurs de type UPS (pour «Uninterruptible power supply ») ou d’alimentation sans coupure… bref, sans rupture de charge.  Ils maintiennent 1 cycle de charge 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et le transfert est imperceptible.

Ces deux types fonctionnent à batterie de type IPS (mini onduleurs jusqu’à 1 440 W), ils utilisent une alimentation à batterie de 12 V c.c. ou 24 V c.c. et la convertissent à 120 V c.a. durant un minimum de 30 minutes avec un seul circuit, permettant à des luminaires réguliers de fournir 100 % de leur puissance d’éclairage nominale en mode normalement allumé tout comme durant une panne de courant.

Des onduleurs de type UPS emploient des batteries de 12 V c.c. en série pour gérer des charges normalement allumées de jusqu’à 55 W dans des applications monophasées ou triphasées (les charges peuvent varier en fonction de la phase utilisée).

Les onduleurs procurent une alimentation C.A. en continu et sont un point de service unique pour les projets d’envergure des secteurs commercial, industriel ou institutionnel.

 

Groupes électrogènes de secours

Les groupes électrogènes de secours n’exigent aucune batterie, mais un groupe de réservoirs fonctionnant au diesel ou au propane pour assurer l’alimentation électrique nécessaire au fonctionnement de l’éclairage et de la signalisation essentiels en cas d’une panne de l’alimentation principale.

Le temps de transfert varie sur ces systèmes de 120 V ou 347 V, mais, il se situe normalement entre 10 et 16 secondes, selon les charges et l’ancienneté des systèmes.

En général ces systèmes sont utilisés dans les grands immeubles en copropriété et les projets industriels.

En conclusion

Comme nous venons de le voir, il existe plusieurs éléments qui font de l’éclairage d’urgence une catégorie particulière. Nous avons passé en revue les principes et les codes de l’éclairage de sécurité, son fonctionnement, la sous-catégorie des enseignes de sortie (y compris les enseignes électriques et non électriques) et ce que C.A./C.C. et « normalement éteint » et « normalement allumé » signifient. Nous espérons avoir su vous éclairer en la matière et que ces informations vous seront utiles lors de votre prochain projet d’éclairage de sécurité.